Retrospective
Un erasmus à Bucarest
Le soleil de Septembre est au plus haut, les températures grimpent à t’en faire perdre les pédales, pour toi c’est le début d’une aventure. La ville t’accueille dans son gris désarmant. Ô petit étudiant de l’ouest, tu n’es pas habitué à ces blocs communistes. Mais bientôt ils sont ton environnement, ils feront partie de ton Histoire. Tu t’habitues à ce désordre architectural, le trouvant au fil du temps de plus en plus magnifique. Les klaxons et la vitesse sont désormais ton quotidien. Parfois tu te plains, mais les derniers souffles dans cette ville te montreront que tu y tiens réellement. Tu en viens à connaître les rues, les quartiers, jusqu’aux moindres pavés. Tu y as déambulé tant de fois que tu sais déjà que tu auras du mal à t’en passer.
Cette ville t’a vue, connue dans tous tes états. Tu étais timide rappelle-toi, sous cette chaleur écrasante, te perdant à chaque détour de ruelles, les yeux rivés sur ta carte. Tu voulais visiter d’abord, mais Bucarest n’est pas une ville qu’on visite, non, on y vit. Elle t’accueille comme un nouvel ami. Elle instaure une distance entre vous, mais peu à peu elle t’ouvre son coeur, elle te laisse t’y balader, t’y perdre puis t’y retrouver. Elle te permet de rencontrer des personnes extraordinaires. Comme quelqu’un qui voudrait t’offrir des mois de folies elle ajuste le son pour toi. C’est ainsi que le rythme de la musique t’entraîne. Tu n’as jamais autant dansé qu’ici. L’alcool se faufile et se disperse dans ton corps t’entraînant dans la frénésie. Bientôt tu connais toutes les bonnes adresses. Enfin, tu crois connaître. Les surprises ne préviennent pas. Bucarest, tu dois y marcher sans but pour la découvrir. Tu as lâcher ta carte, seuls tes sentiments te guident. Si tu pensais avoir vécu à cent pour cent tu réalises que non.
L’hiver est rude ici mais rien ne t’arrête. Les moins quinze degrés affichés ne t’effraient pas, danser réchauffe, la vodka aussi. Et cadencé par le bruit des verres vides résonnant sur le bar, tu es déjà repartie pour une nuit d’ivresse. Bucarest enfile son manteau blanc durant quelques semaines. Les premiers flocons te ravissent, tu cours, glisses et tombes. Les révisions attendront, tu as de nouveau cinq ans. Tu profites de ce moment d’accalmie, de ce deuxième visage fraîchement dévoilé. Chacun enfile ses vêtements les plus chauds. Au coin de la rue, tu t’arrêtes pour un covrigi fourré au chocolat. Encore chaud, tu le savoures en essayant de ne pas glisser sur la glace qui s’est formé de-ci de-là.
Les taxis passent à toute vitesse tout comme les mois ici. Le soleil revient, tu profites davantage te laissant porter par tes désirs, tu voyages encore et encore. La Roumanie regorge d’incroyables paysages. Les pays de l’Est inconnus jusqu'à lors te plaisent davantage encore. Les personnes qui n’étaient que de nouvelles connaissances deviennent de réels amis. Tu ris aux éclats jusqu’à en pleurer, pleurer de joie puis pleurer de tristesse. L’heure est au départ. Bucarest t’a vu grandir, elle a partagé avec toi ses plus belles facettes, ses parcs fleuris, ses bars, restaurants, ses graffitis, ses habitants. Elle t’a offert bien plus que tu ne pourras jamais lui donner. En la quittant, tu y laisses une partie de toi. Tu garderas en mémoire les meilleurs moments, et avec une pointe de nostalgie toujours tu en parleras comme un expérience grandiose.